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Par NK

Le sage Krishnamurti


Il y a une dizaine d'années, lorsque Jhay, un ami que je voyais souvent à l'époque, m'a prêté ce livre en me disant "tiens lis ça, tu vas voir tu vas te prendre une claque !", je n'ai a posteriori pas du tout saisi toute l'ampleur et la portée de ce qu'il avait tenté de me dire.


Certes le sujet m’intéressait puisqu'il traitait de la peur, et notamment de notre peur de l'Inconnu qui selon l'auteur, constituait la source ultime de nos conflits personnels intérieurs et donc des conflits de ce monde en général. Mais la méconnaissance absolue du nom de cet auteur, qui sonnait vaguement comme celui d'un étrange gourou illuminé hindou, ne m'avait pas encouragé plus que ça à en approfondir la lecture. Ce n'est que quelques années plus tard, en cherchant dans un magasin un livre à offrir, que je suis tombé par hasard sur un ouvrage dont le titre Apprendre est l'essence de la vie m'a immédiatement interpelé. En m'approchant un peu pour le regarder, je me suis rendu compte qu'il était du même auteur que le bouquin de mon vieux pote Jhay. C'est alors qu'en commençant à survoler les pages debout dans le magasin, j'ai immédiatement ressenti comme un emballement, une accélération, je dévorais les phrases une à une de plus en plus vite sans perdre un mot. Sous mes yeux étincelants défilaient une myriade de pensées que j'avais accumulées depuis des années, en tentant tout au plus de les mettre en musique, mais sans jamais pouvoir vraiment les mettre en mots et les formaliser. Ce jour-là célébra mes retrouvailles et surtout scella ma véritable rencontre avec Jiddu Krishnamurti.


Cette histoire est anodine mais néanmoins primordiale pour expliquer le fait que j'ai très très longuement hésité avant de me décider à écrire un article sur ce penseur atypique qu'est Krishnamurti. En effet, de par la nature même de son propos, j'en suis arrivé à la conclusion que la magnifique matière à réflexion que contenait ses pages ne pouvait pas vraiment se partager. Il fallait la trouver par soi-même, au risque de ne pas la trouver du tout. Que ce serait comme cueillir une Céphalantère d'Austin - plus connue sous le nom d'orchidée Phantom, l'une des plus rares au monde - dans la nature pour la montrer à quelqu'un : au bout de quelques heures la fleur mourrait, et quand bien même sa contemplation avant qu'elle ne périsse puisse offrir une légère satisfaction, elle ne serait jamais à la hauteur du sentiment que l'on aurait éprouvé en l'observant soi-même, dissimulée dans son environnement naturel, au hasard d'un sentier.


Il me paraissait donc difficile de parler de Krishnamurti. Cependant faisant tellement résonance à l'univers de Nola's key, je ne pouvais pas non plus ne pas l'évoquer ouvertement à un moment donné sur ce blog, même brièvement. Voilà, donc maintenant c'est chose faite.


Voici un lien pour qui souhaite s’intéresser à ce mystérieux Krishnamurti. Ce lien renvoie au site francophone qui lui est consacré et qui contient bon nombre de citations ainsi que des extraits de conférences et d'ouvrages. Peut-être évoquerai-je encore de temps à autres le nom de Krishnamurti et ferai-je référence à certains de ses propos. Mais au final seul subsistera cet article qui, au fil des mois et des années, se noiera petit à petit dans le flot des autres articles. Et ce sont ceux qui iront gratter au fond qui auront alors peut-être la chance d'en entendre parler, comme moi j'ai pu rencontrer un jour un ami qui souhaitait me faire découvrir un livre.


Pour finir, je dois tout de même dire que je n'éprouve pas de gratitude ou de reconnaissance particulière envers Krishnamurti. J'ai même eu de temps à autres un sentiment ambigu envers cet enseignement, un peu comme s'il m'avait "volé" ma propre quête personnelle. Mais ce qui est remarquable et qui fait que je souhaitais avant tout en parler ici, c'est que s'il est une poignée d'hommes sur cette planète qui soient parvenus à atteindre une forme de vérité absolue, alors Jiddu Krishnamurti est de ceux là.

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